La Vallée

Le 18 mars 2007, in Maison, Nostalgie, par admin

Bon, si vous êtes des lecteurs assidus (ce donc je ne doute pas), vous savez sans doute que j’ai eu pas mal de déboires et désillusions immobiliers ces derniers temps. Il y avait encore un chapitre qui avait échappé au grand bradage, ben je crois que maintenant c’est bon.
Le chapitre en question, c’est la Vallée. Quand on ne précise pas, la Vallée, c’est la Vallée de Joux, bien sûr. Hérédité chargée de ce côté, en tant que petit-fils du vice-directeur de la fabrique LeCoultre du Sentier, et exilé au début des années 70 pour cause de divorce et autres histoires familiales compliquées du côté de Maman et Papa. Bref, finalité de l‘histoire, j’ai rapidement perdu mon statut de combier pour émigrer au bout du lac (celui du bas), avec plus ou moins enfoncé dans l’inconscient familial la notion de « perte » de la Vallée.
Pour y remédier, Maman et Tante Fanne avaient décidé dès le milieu des années 70 de louer un petit pied-à-terre à la Vallée. J’ai retrouvé le bail original dans une armoire : juin 1975, 150.- le 3 pièces, taxe de séjour et électricité en sus. Et bien que ce ne fut qu’un « palliatif » à la maison familiale perdue, j’y ai passé tous mes week-ends et toutes mes vacances durant de très nombreuses années. Plein de souvenirs de tout ordre. Le plus ancien, c’est peut-être le retour d’Italie en août 1975. Retour de maladie grave, oreille interne foutue, et le souvenir de pouvoir péniblement monter les escaliers en me tenant la rambarde. Puis les années suivantes, les samedis à regarder sur la vieille télé Philips en noir et blanc Igor et Grishka Bogdanov, temps X et la 4ième dimension. Et plus tard, les montées du col de la Givrine en boguet pour venir y passer l’été à pêcher sur le lac. Premières cigarettes fumées en cachette, lectures de bouquins de science-fiction, hivers de ski à l’Orient, soirées flipper à l’Hôtel de la Poste.
Et puis la vie adulte. Plus trop le temps de monter, et difficile d’intégrer ma tendre moitié dans cet univers d’ado solitaire.
Bref, j’avais repris l’appart, mais je n’y montais plus que quelques week-end par année, et je me disais qu’il faudra bien un jour résilier le bail. Et puis en janvier de cette année, la propriétaire de la maison est décédée. La maison va être vendue, et mon bail va échoir dans quelques mois. Fini, l’appart à la Vallée.
Ce week-end, je suis monté seul à la Vallée. C’est sans doute un des derniers week-end que je vais passer ici. 1975 – 2007, ça fait quand même 32 ans… Ce soir, j’ai fumé une cigarette en cachette. J’ai revu mes affaires de pêche poussiéreuses, mes bouquins d’Asimov… J’ai maintenant 38 ans et je réalise que les 32 ans de l’appart à l’Orient c’est une part essentielle de ma vie, et non pas un pis-aller à la maison familiale des grands-parents. Encore un truc dur à encaisser.

Emotionnellement, elle n’est pas évidente, cette année…

 

2 Responses to La Vallée

  1. CA dit :

    Joliment raconté… Cordialement

  2. Neuschgu dit :

    Merci, CA !

    Il y a un petit moment que je n’étais plus allé sur ton blog, j’ai bien aimé ton post sur le joueur d’orgue dans une vie antérieure…

    A bientôt !